2016-2017 : Travailler, s’inventer

Travailler, s’inventer

Après avoir mis l’accent sur des situations et des milieux de travail, la proposition de thématique pour cette année consisterait à mettre l’accent sur les capacités inventives qui se développent à propos du travail. Il s’agirait de porter attention aux dispositions créatives ou alternatives qui se manifestent parmi les travailleurs, au sens large. Ces propensions peuvent prendre des dimensions d’échelle variable et sont clairement sociales. Elles peuvent établir avec le travail effectif des relations elles aussi variables, tantôt simples démarches de transformation, tantôt projets alternatifs ou contestataires, tantôt rejets systématiques des situations existantes et constructions utopiques. Dans tous ces cas de figure, il s’agira d’examiner ce qui s’invente tout à la fois en ce qui concerne le travail considéré par les acteurs et le rôle attribué aux acteurs eux-mêmes.

On peut aussi se demander si cette question même a une histoire. A-t-elle toujours le même sens à toutes époques ? Par exemple, y a-t-il une inflexion quand le cadre du travail devient une institution comme l’entreprise ? Si l’on commence à étudier le rapport à soi dans le travail et les pratiques qui consistent à s’inventer, quelle idée cela donne-t-il du social, de ce qui fait lien ? Le travail ne peut-il pas être considéré comme le site d’une variété de pratiques à la fois disparates et reliées de façon consistante, qui toutes font lien et chacune à sa manière ? Les domaines de l’invention de soi y sont-ils toujours les mêmes et les mêmes pour tous ? Voit-on se dessiner des groupes qui découpent autrement ce qu’on croit pouvoir nommer des groupes sociaux, sinon le groupe ouvrier ? De la perruque au militantisme, de l’écriture à l’enrégimentement des autres, de la technicité à l’engagement social, de la passion pour l’objet du travail à celle pour l’organisation, du mépris des personnes à la culture délibérée de soi, de l’affectif sinon du sexuel aux attachements de toutes formes, de la virtuosité aux subtilités esthétiques, de la culture des copains au jeu perso, d’une pratique à l’autre, quels sont les domaines où se résout, positivement ou non, la tension entre le travail et l’invention de soi, quand elle se résout ? Et que s’opère-t-il lorsque l’on passe de l’invention de soi à l’injonction à s’inventer ?

Claire Flécher (sociologue, Lille 1, Clersé), « Des collectifs de travail à l’épreuve de la fluidité. Le contrôle par les assignations sociales à bord des navires de commerce »

Séverine Sofio (sociologue, CNRS, Cresppa), « Observer les travailleurs de l’art au tournant du XIXe siècle. La sociologie historique des beaux-arts au carrefour des disciplines »

Samuel Hayat (historien et politiste, CNRS, Ceraps), »Une politique en mode mineur. Tradition gréviste et représentation dans les mines du Nord au XIXe siècle »

Flaviene Lanna (sociologue, EHESS, Iris), « Résignation, résistance ? Les forces en action dans une sidérurgie brésilienne »

Camille Fauroux (historienne, EHESS, CRH), « Entre le camp et l’usine, le quotidien des travailleuses civiles françaises à Berlin (1940-1945) »

Geneviève Pruvost (sociologue, CNRS, IMM), « Ethnocompatibilité du travail dans les alternatives écologiques »

Amélie Beaumont (sociologue, Paris 1,Cressp-Cresppa, Paris 1), « La socialisation par le travail des employés de l’hôtellerie de luxe »

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