2005-06

Le séminaire de Prato a tenu neuf séances cette année. L’activité du groupe était tendue vers la préparation du colloque qu’il tenait les 30 et 31 mai à la MMSH d’Aix-en-Provence (organisé par le LAMES et le LEST avec le CRH et le CSU et nombre d’autres contributions institutionnelles). Les recherches sur le travail, et plus généralement les organisations, qui utilisent en même temps une méthode ethnographique et une méthode historique constituaient le thème de la rencontre. Sociologues, anthropologues, économistes ou chercheurs en gestion joignant à leur recherche une dimension historique devaient rencontrer des historiens pratiquant l’observation directe. Le colloque a été une grande réussite. Il a réuni plus de 120 participants autour d’une quarantaine de communications. L’atmosphère de recherche a été intense. Quelques expériences ont servi de repères majeurs, comme celle de Michael Burawoy, de Berkeley, avec lequel Prato avait travaillé sa notion de « revisite » des terrains. Outre Ruth Horowitz, de New York, proche de cette démarche, Florence Weber, Jean-Michel Chapoulie, Jean Peneff, en particulier, ont communiqué leur réflexion au long cours sur ces croisements. Notons encore simplement la présence importante et significative de chercheurs non communicants comme les historiens Catherine Omnès, Patrick Fridenson et Philippe Mioche ou l’anthropologue Isabelle Merle. La thématique de ces recherches historio-ethnographiques, de ce frottement entre passé et présent, restera présente dans l’activité du groupe de recherche. Les réponses que donnent les disciplines et en particulier l’histoire à une demande forte de jeunes chercheurs sur ce point problématique sont loin d’être encore satisfaisantes.

Outre la préparation du colloque, le groupe a continué son activité d’exploration dans les diverses directions dont il se fait le foyer. Les historiens ont été présents. Alain Dewerpe a exposé sa recherche presque achevée sur le livret de travail, Stéphane Buzzi (doctorant CRH) la recherche collective sur les médecins du travail alors en passe d’être publiée à La Découverte et Yves Cohen sa recherche sur les cadres industriels soviétiques cherchant à définir leur propre travail au début des années 1930. Aux frontières de la sociologie et de l’histoire, Marie Cartier, maître de conférences à Nantes, a discuté avec nous sa recherche sur le paternalisme dans les postes françaises depuis la guerre. L’anthropologie a été fortement présente par l’intervention de Birgit Müller, chercheuse au LAIOS, sur son enquête comparative en Russie, ex-RDA et Tchéquie à propos du rapport à la productivité et celle de Véronique Moulinié, chercheuse au LAHIC, avec qui nous voulions discuter de son extraordinaire article sur la « passion hiérarchique » et de son expérience postérieure. Nous avons fini l’année avec la présentation par le groupe Nigwal (Nicolas Hatzfeld, Gwenaële Rot et Alain Michel) de son travail presque achevé sur les images cinématographiques de la chaîne de montage. De la sorte, ce groupe pluri-disciplinaire poursuit son effort de confrontation ouverte et approfondie de démarches variées, dans l’échange non seulement entre disciplines mais entre les points de vue de ses membres au sein de ces disciplines. Si la thématique de la (dis-)continuité entre présent et passé s’est imposée du fait même des pratiques de recherche de plusieurs de ses membres, d’autres émergent et seront développées, comme (sans exclusive) les études comparatives, transnationales ou mondiales, le rapport entre la démarche pragmatique et d’autres démarches plus traditionnelles des sciences sociales ou l’histoire de l’enquête dans ces diverses disciplines.